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Les politiques culturelles doivent-elles être multiculturelles?

 

 

Quand le ministère de la culture est créé, le mot d’ordre est la démocratisation de la culture ; les grandes œuvres artistiques dont la France a hérité ou dont elle encourage la création doivent être accessibles à tous. Dans sa démarche volontaire, Malraux, premier ministre de la culture, a contribué à dessiner les contours d’une certaine forme de culture officielle et à affirmer sa prééminence symbolique sur les autres modes de rapport à la culture.

 

Cependant, à l’échelle internationale, à l’UNESCO en particulier, l’universalisme hérité de l’après-guerre faisait place à une approche différentialiste dans les années 1970. L’heure était au respect et à la valorisation des cultures particulières, dont la fin des empires et l’émergence de nations indépendantes avaient rendu manifeste la diversité. De manière concomitante, ailleurs qu'en France, les spécificités culturelles locales ou ethniques devenant un véritable casus belli, les politiques culturelles ont été investies d’une mission de pacification : programmes d’enseignement de langues locales, soutien aux manifestations dites « traditionnelles » et autres démarches de ce type apparurent essentielles. L'émergence de la notion de "patrimoine immatériel de l'humanité" a renforcé ces dynamiques dans les années 1990.

 

Les autorités françaises ont elles-mêmes pris acte de la diversité culturelle de la France et de l’effervescence artistique qui en résultait. Cette reconnaissance s'imposa à la faveur des évolutions à l’échelle internationale, de la pression du monde associatif et des positions du ministre de la culture de l’époque, Jack Lang. Depuis lors, une tension demeure quant à leur traitement. Après la démocratisation de la culture, la démocratie culturelle – c’est-à-dire la reconnaissance de l’égale valeur de toutes les expressions culturelles – était à l’ordre du jour, mais, d'une part, elle s'est toujours davantage attachée à la diversité des contenus, des pratiques, des formes de la culture qu'à celle de ses publics ou de ses acteurs et, d'autre part, l’idéal universaliste continuait d’exercer son influence. C'est là un trait qui caractérise notre pays par rapport à bien d'autres. Il soulève la question de la direction à prendre en matière de politiques culturelles ; d'autant plus à une époque où la démocratie culturelle est fragilisée par un appel croissant à la protection d'une identité française.

Où?

Commission nationale française pour l'Unesco

57, boulevard des Invalides

Paris 07

 

 

Quand?

Mercredi 15 avril

à 19h

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En raison du plan vigipirate, l'inscription à la conférence est vivement recommandée. L'accès ne pourra pas y être granti aux personnes non inscrites.

Angéline Escafré-Dublet

Angéline Escafré-Dublet est maître de conférences en science politique à l'Université Lumière Lyon 2. Elle a soutenu en 2008 une thèse d'histoire contemporaine à Sciences Po. Ses recherches portent sur les politiques d'immigration, en Europe et aux Etats-Unis, les politiques culturelles et l'émergence de politiques de la diversité.

 

David Fajolles

Secrétaire général de la Commission nationale française à l'Unesco, David Fajolles a été consultant pour de nombreuses institutions d'action culturelle extérieure. Il a également exercé les fonctions de chargé de mission puis de conseiller du ministre de la Culture(Frédéric Mitterrand, 2010-2012) pour les politiques linguistiques.

Laurent Martin

Professeur d'histoire à l'université de Paris 3, Laurent Martin est un spécialiste de l’histoire culturelle et politique de l’Occident contemporain. Il a notamment co-dirigé au Centre d'histoire de Sciences Po le séminaire sur l'histoire des politiques de démocratisation culturelle, en lien avec le Comité d'histoire du ministère de la Culture.
Il est membre du laboratoire Intégration et Coopération des espaces européens (ICEE) de l'université de Paris 3 Sorbonne-Nouvelle, membre associé au CERLIS (Paris 3 / Paris 5) et au Centre d'histoire

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